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Le Château d'Ornans

La présence du tableau « La Sainte Famille »  dans la chapelle du Château d’Ornans, dite de « Mahaut d’Artois »
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La présence du tableau « La Sainte Famille » situé jusqu’en juillet 2007 dans la chapelle du Château d’Ornans, dite de « Mahaut d’Artois », est signalée pour la première fois lors de notre étude sur le « La Vouivre et le Feu ». Comme vous le lirez peut-être, dans cette étude, la « Sainte Famille », fêtée entre Noël et l’Epiphanie, au temps des « Failles » de Mouthier et du solstice d’hiver, notamment dans la vallée de la Loue, n’est pas étrangère au thème du « feu du foyer » y compris « familial », feu qui servait, à l’origine, dans l’antiquité, à « nourrir les fidèles », par le moyen du gril des viandes provenant des sacrifices offerts à la divinité (plus tard, chez les chrétiens, les « agapes - communion ») dans l’« aedes » en latin « temple - maison ».
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La représentation de cette « Sainte Famille », sous un dais d’honneur, comme si elle assistait à un tournoi (La famille comtale de Bourgogne ?), est cependant tout à fait exceptionnelle : l’Enfant-Jésus, qui ressemble étonnamment à un « héritier », voire à un « Dauphin », couronne ou mieux octroie une « couronne » à Saint Joseph, véritable paterfamilias, comme à un « monarque » de droit divin et seulement en second lieu présente à la Vierge une même couronne de fleurs. Habituellement, l’Eglise ne montre, ni ne cite Saint Joseph « Roi », alors qu’il est coutumier pour Sainte Marie d’être Vierge « Reine ». De plus le « couple » tient en commun une « fleur de lis ».
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Mais le plus important restent à nos yeux d’Ornanais, d’une part la représentation du « château » des comtes de Bourgogne en arrière-plan (ce que nous n’avions pas vu lors de la primitive étude, découvert depuis par un membre de la Société d’Histoire, Madame Sulmoni lors d’une étude sur l’ordinateur d’Yves Messmer), d’autre part l’iconographie de Saint Laurent (avec son gril « très nourricier »), d’origine « ibérique » comme le pape Sixte II qu’il sert à Rome, en tant qu’archidiacre, ne l’oublions pas. Il est donc considéré comme une sorte de patron de l’Espagne et du monde latin. La mythologie en fera même le « cousin » de Saint Vincent de Saragosse, martyrisé, lui aussi par le « gril », à Valence (là où ont lieu annuellement les « Fallas - Failles » le jour de la Saint-Joseph !). Cela influencera énormément la famille De Granvelle, dont le vice-roi de Naples, le Cardinal (cf. la restauration de l’église d’Ornans dédiée à Saint-Laurent et l’église de Mouthier où il était prieur) et naturellement l’empire d’Espagne - Autriche.
_ Si nous consultons internet http://fr.wikipedia.org/wiki/Escurial, nous découvrons  alors à ce sujet plusieurs choses notamment à propos du palais et de la basilique de l’« Escurial » et la citation de Saints patrons de l’Espagne particulièrement vénérés à Ornans (surtout Saint André : statue volée à l’église) et dans les villages proches (Saint Jacques aussi à Montgesoye) :
« … Ce complexe monumental est situé à côté de la montagne Abantos dans la Sierra de Guadarrama. Il a été ordonné par le roi Philippe II pour commémorer la victoire de Saint-Quentin le 10 août 1557 sur les troupes d’Henri II, roi de France et pour servir de lieu de sépulture de ses parents, l’empereur Charles Quint et Isabelle de Portugal, ainsi qu’à lui-même et à ses successeurs… 
C’est aussi un sanctuaire érigé à la gloire de la Contre-Réforme, qui contient l’une des plus grandes collections de reliques du monde catholique : on y trouve quelque 7 500 reliques abritées dans 570 reliquaires répartis dans tout le monastère, mais spécialement dans la basilique Saint-Laurent. 
On y trouve également en bonne place les patrons de la maison d’Espagne, Saint-Jacques le Majeur et Saint-Jérôme, ainsi que celui de la maison de Bourgogne, Saint-André. Le plan du bâtiment, avec ses tours, rappelle la forme d’un gril. On affirme traditionnellement que le bâtiment a été construit à la mémoire de saint Laurent, martyrisé à Rome sur un gril… La construction a commencé, avec la pose de la première pierre le 23 avril 1563… »
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Avec cette date du « 23 avril », nous arrivons directement au jour de la fête de Saint Georges, qui est le deuxième personnage du tableau et pour cause puisqu’il est le patron (ou un des patrons avec Saint Jacques !) de la chapelle du Château. Il est représenté terrassant le « Dragon », c’est-à-dire le « Serpent », appelé « Vouivre » chez les Celtes, premier possesseur antique des terres vierges à coloniser ou en mythologie chrétienne à « christianiser ». Ce que l’on oublie souvent, outre l’importance de son culte, qui a précédé les croisades (mais qui l’ont amplifié) en Franche-Comté auprès des « Chevaliers », c’est que ce Saint était vénéré en Espagne même (Saint Jordi), qu’il est par exemple le Saint Patron de la Catalogne et de Barcelone.
L’iconographie de Saint Georges amplifiée par les «Croisades » (infidèle = dragon) le montre avec une « lance » qui transperce la bête crachant le feu (très rarement avec une épée, qui est l’apanage de Saint Michel) or, sur la peinture, le « chevalier » sur un « cheval blanc » porte l’épée au côté et nous invite à une lecture au second degré. Il nous faut rechercher une symbolique double, d’autant que les historiens attestent au château d’Ornans la présence d’un deuxième Saint Patron en l’occurrence Saint Jacques de Compostelle. Il était le protecteur des « croisés » venus de toute l’Europe,  dont l’« épée » (celle des « chevaliers de Saint-Jacques ») et le « cheval blanc » purificateur comme le « lis », évoquent tout un légendaire antique de la Galice, y compris celtique (le « cavalier à l’anguipède » chez les Gaulois), qui a suivi ou précédé Saint Jacques appelé par les croisés Matamore, « Celui qui tue, mate le Maure infidèle ». 
Dans la mythologie de Saint Jacques, il existe naturellement le même « dragon » que dans celle de Saint Georges : ce « dragon » est suscité contre lui par la reine de Galice, appelée Lupa - Louve, (même nom que la rivière, la « Loue »), qui ensuite se convertira. Cela a été très bien étudié sur internet par Philippe Conrad : http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/La_figure_de_saint_Jacques.asp
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Ce tableau a été peint au moment où la mémoire des De Granvelle est encore puissante grâce à ses descendants les Cantecroix. C’est l’époque aussi où Pierre Vernier est à la capitainerie du Château pour le compte du roi d’Espagne. Nous sommes convaincus que les tableaux d’inspiration religieuse de la fin du XVIe siècle ou du début XVIIe (époques entre Catherine et Marie de Médicis ; Antoine de Granvelle meurt en 1586 ; Philippe II en 1598) restent très influencés par les légendes et les mythologies chrétiennes de la Légende Dorée et dépassent largement le thème dominant créé par l’association de divers Saints vénérés localement ou très représentatifs eux-mêmes. Les conquistadores, dans leur « purification chrétienne » pour ne pas dire ethnique,  criaient : Santiago, comme en Franche-Comté et en Bourgogne : Mont-joie Saint-André ou en France : Mont-joie Saint-Denis. Il faut aussi se rappeler que l’empereur Philippe II, appuyé par le Cardinal de Granvelle, était le chantre de la Contre - Réforme et un soutien fervent à « Rome » (dont Saint Laurent est le Patron après Saint Pierre et Saint Paul) et lutta toute sa vie contre ce nouveau « dragon » qu’était à ses yeux la Réforme Protestante. La basilique Saint-Laurent de l’Escurial s’inscrit dans cette perspective, elle qui accueille des milliers de reliques des Saints recueillies en Europe entière.

De notables indices nous conduisent à associer les comtes de Bourgogne, notamment les enfants du comte Guillaume Ier de Bourgogne au XIe et XIIe siècle, à la propagation de la « croisade » contre le « More » d’Espagne, considéré comme un « dragon » et à l’instauration d’un véritable culte avec routes de pèlerinage à Saint Jacques-de-Compostelle. En effet, deux frères au comte de Bourgogne, Renaud II, fils de Guillaume Ier, nous intéressent, tout d’abord Guy de Bourgogne né à Quingey qui devient le pape Callixte II. Ensuite Raymond de Bourgogne qui en épousant une descendante du roi d’Espagne devient roi de Léon et de Galice. C’est alors que le pape déclare Saint-Jacques-de-Compostelle archevêché et capitale de la Galice, là où son frère règne. Il écrit un livre (du moins on lui attribue) qui relate les miracles de Saint Jacques, le Codex Callixtinus, et organise les pèlerinages.
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​Une autre peinture longtemps accrochée dans la chapelle (mais préservée depuis) nous montre une Sainte religieuse portant l’« habit » des soeurs de la Pénitence de Saint Dominique (mantellate) : « Catherine de Sienne donnant son coeur à l’église » et vénérant Notre-Dame des Jacobins(la « Vierge du Rosaire » que l’on retrouve à l’église d’Ornans avec Dominique et Catherine qui tiennent comme la Vierge et Joseph la « fleur de lis ») ; cela conforte le culte au château, de Saint Jacques. En effet, Saint Dominique, un Espagnol lui aussi, était tenu en haute vénération par les pèlerins parce qu’il en avait sauvé de nombreux lors de la traversée dangereuse de la Garonne. Les Dominicains étaient installés rue Saint-Jacques à Paris d’où le nom de « Jacobins ». Saint Dominique avait commencé son prêche par la Galice et Santiago. Lui aussi fut impliqué totalement dans une « croisade » contre un nouveau « dragon », celui des « Cathares » ou « Albigeois ». Le choix du pape Honorius III, en 1217, de l’église Saint-Sixte (nom du pape compagnon de Saint Laurent) à Rome pour la fondation d’un couvent par Saint Dominique, lui-même « espagnol », n’était donc pas un simple fruit du hasard.

L’église de Montgesoye possède aussi une peinture classée qui représente Saint Jacques en pèlerin et le blason de Vuillafans possède « trois coquilles ». Le château d’Ornans des comtes palatins de Bourgogne était sur le « Chemin de Saint-Jacques » qui montait de la vallée ou descendait par la Combe Pèlerin, après ou avant d’avoir traversé la « Lupa - Loue » vers la Place Courbet. Une autre route passait avant le Pont de Nahin, par un gué vers la Ville haute, non loin de la Visitation qui se construisit plus tard à côté de l’antique chapelle Saint-Christophe, Saint toujours présent, avec en général un hôpital pour les pèlerins (quand il n’est pas dédié à Saint-Jacques) à proximité (demeure de Mrs. Maréchal). Il faut savoir que ce Saint de la traversée des rivières dangereuses et des chemins est vénéré lui aussi le 25 juillet, jour de la fête de Saint Jacques, d’ailleurs de nombreuses églises sur le « Chemin » sont dédiées conjointement aux deux Saints. Les deux routes se rejoignaient avant Saules.
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Yves Messmer, le 21 février 2010
© Yves Messmer 2009/2018.
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