Nous allons étudier et comparer l’ensemble des histoires, légendes et mythologies antiques, y compris du christianisme, qui entourent les anthroponymes issus du primitif et mythique Iulus, le fils d’Énée, lui-même fils d’Aphrodite – Vénus, dans la mythologie gréco-latine, connu aussi sous le nom d’Ascagne. Iule, qui va donner son nom à la gens Iulia et à la famille des Iulii, à laquelle appartenaient Julius Caesar, Jules César, et par adoption l’empereur Auguste, se manifeste particulièrement en provoquant une guerre entre les Rutules du Latium et les « Troyens ».
On n’imagine pas que le geste qu’il va accomplir enclenchera tout un ensemble mythique qui se répercutera jusque dans la mythologie chrétienne, provoquée par des rapprochements linguistiques même tardifs : par exemple Sainte Jule de « Troyes », chez les Tricassi, « Dotés de Trois Chevelures », ou mieux la légende de Saint Julien l’Hospitalier ou encore le « soldat », doté de sa « caesaries – chevelure » et armé de sa « lance », Saint Julien à Brioude (cf. photo : église de Villejust, dans l’Essonne) qui « rajeunit » deux vieillards. En effet, Iule va « transpercer de sa flèche » le « Cerf Sacré » apprivoisé, nous dit le poète latin Virgile (Énéide VII), par la fille de Tyrrhus, Silvia, au nom évocateur de « Forêt ». Ce « Cerf » avait une magnifique prestance et des « Cornes » majestueuses qui émanaient de sa « Tête » !
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A partir de ce moment – clé, de ce vers – clé de l’Énéide (vers 483) commence l’épopée mythique et toutes les mythologies des Iule, Jula, Julius, Julia, Julianus, Juliana, Julittè, Juliette, mythologies essentiellement basées sur quelques éléments très symboliques : « le Bassin, la Chaudière ou le Chaudron régénérateurs » comme un « Plongeon » ou une « Traversée Baptismale » et le « Transpercement » à la fois « mortel et renaissant » des « Matières » et des « Corps » par les « Pointes », les pointes en fer, les pointes des armes, les cornes et toutes les pilosités, les toisons végétales (frondaisons, céréales, herbes) ou corporelles (crinières, chevelures, barbes, moustaches, etc.).
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Ce catalogue de l’ensemble des Saints Jules, Julie, Julien, Julienne et Juliette évoque le Renouvellement des Matières et des Corps, tels les « Toisons – Céréales - Frondaisons – Chevelures (Tête) », la Fermentation, l’Eau et la Traversée « Purifiante » (Bassin ou Cours d’eau > Pont), le « Feu Rédempteur », sa Cuisson (Chaudière, Foyer, Gril, etc.) et sa couleur, notamment la rousse « flavia -fauve » qui est celle des animaux sauvages typiques tels le « Cerf », pour ses « bois » ou le « Sanglier » pour ses « défenses ».
L’ensemble sera associé aux bouillonnements des « Jus », aux « traitements des peaux », à l’épilation des cuirs, aux « maladies de peau » qui brûlent le corps comme des métaux fondus, de l’huile ou de l’eau bouillantes, répandus ou dans lesquels il y a « plongeon » (martyre de Sainte Julienne de Nicomédie) ; ensemble associé encore aux maladies qui dévorent par la pelade ou la desquamation des chairs, maladies de type « Lèpre » : cf. Notre-Dame des Ardents à Nemetogena – Arras, ou Simon le Lépreux devenu Saint Julien du Mans ou encore Saint Julien l’Hospitalier qui accueille, comme rédemption, le Christ « lépreux » dans sa barque : thème de la « Traversée de l’Eau purificatrice » avec le « Baptême » qui guérit l’empereur Constantin « lépreux » ! La fête de Saint Jean, le Baptiste de Bethania du Jourdain, 28-29 août, coïncide à un jour près avec celle de Saint Julien de Brioude, lui-même « décollé ». |
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Pour comprendre les mythologies de ces descendants de la gens Julia, basées sur la Naissance et Renaissance des Chairs et de tout ce qui les accompagne, notamment au niveau de la « Tête, siège de la Pensée », les toisons, pilosités, barbes, crinières, chevelure, mythologies liées aussi à la Croissance des Corps systématiquement renouvelée, à leur Résurrection, il convient d’analyser des textes antiques ou de se référer à leurs résumés traités par les historiens et mythographes modernes.
Nous nous pencherons sur tout ce qui a trait aux différentes villes d’Antioche et Antinoë, le mythe de Laërte, père d’Ulysse, rajeuni par Athéna, d’Antinoüs, de l’errant Œdipe et du lépreux Theutras, et de la lèpre de l’empereur Adrien. Nous parcourrons les « Lèpres » dans la Bible, le Lévitique et les Évangiles et les eaux guérisseuses et baptismales du Jourdain. Nous étudierons les guérisons des lépreux et des rois malades en Gaule - France par les Saints Martin, Séverin et Sour (lèpre du roi Gontran), la Légende de Saint Julien l’Hospitalier, le baptême rédempteur de la lèpre de Constantin, celui initiateur de Clovis. |
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Les Errements des lépreux s’apparentent aux déplacements intercontinentaux des premiers chrétiens, à l’image des astres et des constellations dans le Ciel, et du dieu indien Vishwakarma ; ce dieu, « artisan » du « Monde » proche du latin Vulcain, le Claudus – Boiteux » qui conduira à Saint Claude de Vesontio - Besançon, avait, pour monture, l’« oie - cygne » qui évoque le nom de la Reine - Pédauque, « Pied d’oie » (lèpre), et un quartier de Toulouse où se retrouvent un Saint Simon et un Saint Cyprien ; il en sera ainsi des Saints « Maures » aux « Cheveux Crépus », venus (ou leurs reliques) notamment de Carthage pour évangéliser ou aboutir en Gaule : Cyprien, Saturnin à Toulouse, Julie en Corse et chez les Cénomans de Brescia ; tout comme Saint Julien sera le premier évêque des Cénomans du Mans. C’est de Brescia, d’un faubourg appelé Amphipolis (que nous rapprocherons en fin de chapitre de Chrysopolis sur le Strymon en Macédoine) que partira le célèbre Saint Savin, avec son compagnon Cyprien pour un long voyage qui le conduira au martyre dans une île de la Gartempe (région Charente Poitou) : il sera inhumé au lieu-dit les « Trois Cyprès ».
Le nom de « Cyprès » est porteur de légendes antiques liées au « Cerf » et à sa « chasse », alors que les « cornes » elles-mêmes de l’animal nous amèneront à approfondir les liens entre les différents Iule, Julius (retrouvé dans Juliobona – Lillebonne) Julien et le thème du ioulos grec « à la toison abondante ». Nous poursuivrons par l’évocation d’un Saint Marin, martyr dans le Jura, venu d’Italie lui aussi et dont les reliques sont vénérées à Saint-Savin-sur-Gartempe. Il semble que ce Saint Marin soit le même que celui du Mont-Titan chez les Sénons d’Italie, près de Rimini. |
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Pour comprendre les « Errements » de ces Saints qui migrent comme les étoiles dans le ciel, mais aussi de Claude Julien l’Apostat qui erre et rencontre un « Cynique » à Besançon (le nom Claudius est omniprésent à Besançon), il était nécessaire d’analyser ce dieu « bancal, claudicant », pédauque comme un lépreux ou un Œdipe au pied enflé, qu’était Héphaistos – Vulcain, fils d’Héra – Junon à laquelle à Rome était dédiée l’« Oie », artisan du bouclier « magnétique » d’Achille où il avait ciselé la carte des constellations.
Le thème du « claudus –boiteux », dont l’origine antique « sabine » sera analysée en relation avec les futurs Saints Sabin, Sabine, Sabinien, etc., des Gaules cisalpine et transalpine, devait donc être étudié en parallèle avec celui du Ioulos « aux cheveux crépus et abondants », par exemple chez les Tricassi « Trois Chevelures » de Troyes où Sainte Jule est unie dans le martyre avec un Saint Claude. Un rapport a donc été établi entre ces différents noms, que nous retrouverons, par exemple, dans des villes d’Eurasie, telles Juliopolis, (appelée aussi Gordiocomè, « la place forte échevelée »), Claudiopolis, etc., et les différentes mythologies de la « Chevelure » et de la « Crinière », notamment celles liées à la « Toison d’Or », du « Pactole » et du roi Midas, à Gordion - Juliopolis ou du roi Marc’h en Bretagne. |
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Nous sommes conduits à développer ce thème de la « Marche » et de l’Errance des Cités gauloises ou des Saints « migrants » qui leur succèdent avec les mêmes voyages, tels des « Druides –Voyageurs », quand nous suivons les linguistes actuels dans la traduction du nom des Gaulois Aulerques Cénomans « Ceux qui sont loin de leurs traces ». Mais un des mots les plus importants de ce chapitre reste celui de « Druide » : nous allons découvrir, avec le « Druide » Saint Julien, le premier évêque du Mans, et avec quelques-uns de ses successeurs, qu’ils résument, par leurs noms et leurs actes, un ensemble de thèmes développés par les religions antiques, notamment celtiques, que l’on croyait disparus, et ceci en corrélation totale avec la course stellaire des astres et des planètes « errantes » (pléonasme !).
Au-delà du « Principe » de la cueillette du gui, de l’astre immobile Saturne, va apparaître un élément important de cette étude, peut-être le plus important, et ceci avec le nom, Nicomédie, d’une ville de Bithynie, célèbre par le nombre de ses Saints plongés dans le « bouillonnement », dont Sainte Julienne, vénérée au Val Saint-Germain (Essonne) ; cet élément est la « Chaudière », le « Chaudron » baptismal, rédempteur et donneur de Vie. Personne à ce jour n’avait établi de liens entre le « Chaudron » typiquement celtique et Saint Julien du Mans, encore moins avec les autres Julien et Julienne et pourtant, il existe et il est encore visible dans l’iconographie… |
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Le rôle de l’Episcopos, « Évêque » non seulement en Gaule, mais aussi dans d’autres territoires conquis, grâce à des « Émigrants nouveaux », à la « Foi nouvelle », équivaut donc à celui du « Defensor », qui a pris la place du Gutuater ou du Druide gaulois. La légende de Saint Julien du Mans est bien là pour le démontrer et révéler en même temps quelques aspects historico - mythologiques. En effet, l’époque historique de Saint Julien accueilli par le « Defensor, Judex, Princeps pagi Cenomannici », n’est pas celle de Saint Pierre ou de Saint Clément, mais celle d’un ancien soldat de Julien l’Apostat, de Saint Martin, au moment de sa consécration comme évêque de Caesarodunum, de la Cité des Turones, Tours.
Or, en analysant le Defensor, il nous faut retenir un fait qui paraît anodin : Martin, symbole de la Caritas et donc « pourvoyeur » de nourriture et de santé, depuis son séjour à Amiens, était lui-même devenu un Defensor. Les Saints de l’antiquité ont pris avant tout le relais des « Dieux de la Faim » qui sont sollicités ou accompagnent les « Migrations » et les « Errances » transcontinentales dans la quête de nouveaux territoires nourriciers. Nous allons découvrir avec ces dieux très évocateurs aussi bien grecs que latins ou gaulois, ce que pouvaient être la conquête « martiale », puis la « fondation » d’une ville nouvelle, d’un Mediolanum par exemple et le rôle du « Chef de Guerre », initiateur de la « Croissance » de son peuple. |
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Un récit du philosophe Philon d’origine juive, qui est né et a vécu au temps du Christ, à Alexandrie, nous découvre des horizons inattendus et pourtant bien réels concernant la « Souveraineté - Royauté » attribuée, en langue grecque, aux Dieux et à leurs « Pontifes » sur la Terre et la vénération du Κυριος, Kurios, Kyrios « Seigneur », que nous retrouvons dans le nom de Cyr, l’enfant célèbre de la « Fille de Roi » Sainte Julitte. Ce récit évoque un rituel qui pourrait bien être la trace de cultes fondamentaux très anciens, très liés à l’anthropophagie, le rituel du « Sacrifice du Roi », et nous fera donc découvrir des analogies troublantes avec la Cène du Jeudi-Saint et la Passion du Christ - Roi.
Nous comprendrons ainsi pourquoi les premiers chrétiens de Lyon ont été accusés de pratiquer le « Repas de Thyeste ». Nous comprendrons aussi la mythologie du Grec Palamède, lapidé, et le rôle du « Jeu » dans l’oubli de la Faim et du Désir. Avec le récit de Philon, relatant la « bouffonnerie » occasionnée par la visite du roi « Juif » Agrippa à Alexandrie, appelé en syriaque ou araméen « Marin », équivalent de Kyrios « Seigneur », nous rentrons de plein pied dans le « Prétoire » de Jérusalem sur le « sol en damier » duquel se joua la Mort du Christ-Roi, habillé de la « Pourpre Royale » et dans la « comédie pourprée » qui encadrait à l’origine le culte de Dionysos. Tout ce rituel aboutira à la lapidation du « Couronné » Saint Étienne et au thème de la « Croix » associé à celui de la « Chevelure », que nous retrouverons dans le martyre de Sainte Julie en Corse, dont les reliques transitèrent par l’île de Gorgona (cf. sa belle chevelure devenue des serpents), avant d’aboutir dans le pays des anciens Cénomans, le pays des longues toisons et barbes (Lombardie), à Brescia. |
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Nous étudierons ce rite guerrier et sanglant, devenu un jeu de soldats, du « Sacrifice du Roi » avec le martyre de Saint Dasius « aux cheveux abondants », autrement appelé Bassus ou Taxus, à Durostorum et dont les reliques furent déposées dans une région d’Italie et de la Mer Adriatique, anciennement occupée par les Gaulois Sénons, celle des Marches, d’Ancône, Saint-Marin, Rimini. Cela nous conduit à la découverte, dans cette région, des traces de cultes et de rites antiques dont les légendes ont permis la conservation. Nous découvrirons ainsi par ce « Jeu du Roi », le rôle primordial des Sénons (avec un théonyme ou un anthroponyme important, Moritasgus) qui auront présidé à la fois à la primitive histoire des Romains et aussi, ce que nous savons moins, à la dernière histoire des Romains en Gaule : Julien l’Apostat, prenant ses quartiers à Sens puis chez les Parisii, les « Hommes du Chaudron », fut « Couronné » empereur, à Lutèce, par le « Torque » gaulois (tout un symbole) d’un soldat au nom évocateur des « cheveux crépus et africains », Maurus.
Nous suivrons avec intérêt à la fois le légendaire chrétien concernant Julien l’Apostat, tué par Mar Qurios « Saint - Seigneur » en araméen, fils de Gordion, devenu Saint Mercure et la réalité historique ; il semble bien toutefois que Julien ait subi la destinée de tous les Iule ou Julien, chrétiens comme Julien et Césaire de Terracine ou pas, et qu’il soit plus précisément devenu, comme dans le jeu d’échecs, un « pion sacrifié ». |
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Continuons à présent notre analyse du texte de Philon, pour lequel il nous faut retenir plusieurs données, que nous développerons au fur et à mesure ; l’auteur rapporte en note les propos d’un traducteur de Philon de la fin de la Renaissance, P. Bellier :
… P. Bellier croit qu’il s’agit ici de loges où se retiraient « les pauvres mandians qui demandaient les aumosnes aux passans, comme sont les hospitaux et maladreries, qui estoient lieux sacrés où les Juifs visitoient les paouvres, et faisoient leurs aumosnes, et y priaient Dieu. » Et il ajoute ceci :
… C’est sans doute à cause de ces mots que P. Bellier a confondu les proseuques avec les maladreries et les aumôneries du moyen-âge. Toutefois il n’est pas improbable que les Juifs aient placé autour des proseuques des établissements de charité … Ni P. Bellier ni Ferdinand Delaunay au XIXe siècle n’ont tort ; en effet, au moyen-âge, l’Église elle-même préconisait souvent des « maladières » à proximité des monastères, ...
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(à paraître) Chapitre X: Sainte Julienne de NicomédieL'étude complète à télécharger
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Conférence sur Sainte Julienne |